Par ESSOMBA Dieudonné, Ingénieur Principal de la Statistique
Chargé d’Etudes au Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire du Cameroun – Yaoundé
Sous leurs faux airs d’anthologiques innovations, les multiples catalogues de projets et de programmes actuels visant à sortir nos pays de la misère ne font que reproduire des truismes élémentaires serinés depuis l’indépendance: construire des routes, développer l’industrie, moderniser l’agriculture, doper la croissance…
Mais le problème en Afrique ne se trouve pas dans ce qu’il faut faire ! Pour résorber le chômage, rien d’aussi simple que de construire les entreprises et cela, n’importe quel enfant de dix ans le sait. Le mentionner en termes chatoyants dans de volumineux documents stratégiques, comme de magnifiques trouvailles, n’est ni intelligent, ni valorisant. La vraie question, celle à laquelle doivent répondre les spécialistes et les hommes de bon sens est la suivante : pourquoi, malgré cette évidence, cela ne se fait pas ?
Bien entendu, la FMI, en bon maître, nous a soufflé la réponse : la mauvaise gouvernance, l’absence de volonté politique, l’incompétence et les prévarications de l’élite africaine.
Hélas ! Les temps ont changé : l’explication par le colonialisme et ses avatars ne fait plus recette et ce n’est que justice. Après avoir joué si longtemps le rôle de bouc émissaire, le salutaire colonialisme qui a mené les Nègres à la civilisation est enfin restauré dans sa dignité, le vrai coupable de la misère africaine étant enfin identifié : ses responsables politiques dictateurs, incapables et corrompus.
Que cache exactement ce renversement de situation ? Depuis vingt ans que le continent est rongé par la misère, les multiples efforts menés avec l’aide de la Communauté internationale n’ont eu aucun des effets escomptés. Conférences nationales et internationales, bonne gouvernance, approche participative, démocratisation politique, libéralisation, ouverture des frontières, plans d’ajustement, initiatives PPTE, Point d’Achèvement, activisme des ONG, tout y est passé, tout a échoué. A peine le continent moribond a-t-il pu, au détour d’une remise des dettes, retrouver quelques couleurs que la reprise avorton s’est affaissée aussi vite qu’elle a apparu, comme un malade au système immunitaire à jamais détruit.
Ghana, Côte-d’Ivoire, Sénégal, Kenya, Cameroun, Nigeria, Tanzanie,… partout et quel qu’ait été le chemin choisi, le cauchemar s’est répété avec la même infernale récurrence : croissance accélérée après l’indépendance, crise économique, acharnement thérapeutique, espoirs avortés, misère accélérée, échecs indéfiniment reconduits, pressions migratoires ensanglantées vers l’Europe…
Les légères différences notées çà et là ne sont liées qu’à des conditions locales intrinsèques qu’expliquent les dotations naturelles en matières premières, les problèmes de gouvernance ou la fragmentation sociologique des Nations.
Le Sénégal est une ancienne démocratie et le Bénin a réussi sa transition démocratique pendant que le Tchad et la Somalie s’enfoncent dans des guerres interminables. Le Cameroun et le Nigeria brillent dans les premières loges de la corruption quand des hosannas s’élèvent à l’honnêteté du Botswana. Le Ghana s’est montré meilleur élève du FMI que le récalcitrant Zimbabwe.
Mais au final ? La réalité est là, sinistre, incontestable : au-delà d’améliorations tout à fait dérisoires, toujours liées à une trouvaille minière, un exotique site touristique ou une remise de dettes, aucun pays d’Afrique Noire n’a amorcé de croissance véritable. Nos pays rappellent les pensionnaires d’une léproserie : certains ont perdu deux doigts, d’autres cinq, d’autres neuf, mais tous sont lépreux.
Or, cette situation ne peut pas être due au hasard : si quelques cas isolés semblent trouver leur source dans la corruption, les dictatures ou les guerres, l’absence même du moindre succès nonobstant l’hétérogénéité des situations montre qu’il s’agit là davantage de facteurs aggravants qui se superposent à un blocage fondamental. Leur caractère spectaculaire ne leur enlève pas le statut de simples adjuvants qu’il faut, certes, corriger, mais dont l’élimination ne peut soigner un mal dont ils ne sont pas la cause.
Comment expliquer l’incapacité de surmonter le phénomène du sous-développement en Afrique ? Le lecteur sera extrêmement étonné de mon opinion : ce n’est ni la faiblesse des capacités opérationnelles, ni la colonisation, ni un complot mystérieux, ni même l’exploitation du Blanc, mais l’insuffisance de la science économique !
En fait, tout se passe comme avec le SIDA. Avant qu’on en identifie la nature, la médecine a tenté de soigner ses manifestations (tuberculose, amaigrissement, maladies de peau, diarrhées, etc.), mais très vite, elle a compris qu’au-delà de ces airs familiers, cette accumulation de maladies trahissait une anomalie fondamentale qu’il fallait rechercher. C’est cette démarche, pleine de modestie et de sagesse qui a donné cette vigoureuse riposte dont les effets deviennent de plus en plus marquants.
Face à la séculaire problématique du sous-développement, les économistes ont refusé de suivre ce bel exemple, préférant s’embourber dans le marécage des programmes, de l’aide, de l’appui et des stratégies. Or, la problématique est simple : pourquoi, alors qu’en 1950, l’Europe fabriquait des locomotives, des avions, des bulldozers, l’Afrique d’aujourd’hui, avec nettement plus d’Ingénieurs, devient chaque jour plus incapable de fabriquer la moindre aiguille, se retrouvant acculée dans les produits primaires et dans les services tertiaires qui, il faut le dire tout net, ne sont que l’utilisation des machines que les autres ont produits ?
De toute évidence, les économistes se comportent comme si les médecins de 1980 avaient décrété que la tuberculose et la diarrhée d’un malade de SIDA étaient le mal, qu’il n’y avait pas à aller plus loin dans la recherche et qu’il suffisait de changer des antibiotiques, quitte, en cas d’échec, à accuser les malades d’être maudits.
Le problème d’un pays sous-développés n’est donc pas dans ses multiples défaillances qui sont plutôt des maladies opportunistes, mais dans une pathologie de base qui se trouve dans le fait suivant : aucun système économique international ne peut entraîner une évolution harmonieuse de toutes ses parties s’il est basé sur 1) la libre circulation des biens et des capitaux, 2)les migrations contrôlées des populations, 3)l’équilibre de la balance des paiements et 4)la convertibilité de la monnaie.
Un monde basé sur ces quatre conditions ne peut fonctionner que si un groupe de pays est sous-développé et il est impossible de faire autrement. La zone d’implantation de ce sous-développement nécessaire dépendra des conditions historiques et, dans le cas d’espèce, il se situe en Afrique.
Pour bien visualiser ce théorème mathématique, il faut cesser de se demander ce qu’il faut faire pour que l’Afrique se développe, mais plutôt imaginer comment le monde se présenterait si l’Afrique se développait.
Vous vous rendrez alors compte qu’un tel monde n’est pas possible ! En effet, une zone aussi industrialisée que l’Europe a besoin de beaucoup plus de matières premières qu’elle ne peut produire sur son propre territoire. Il peut même arriver qu’elle en dispose plus que l’Afrique, mais parce que sa demande est trop forte, elle sera obligée d’en importer.
L’Europe ne peut donc maintenir son train de vie que si elle achète de la matière première quelque part, en contrepartie d’une partie des produits qui en sont issus. Par exemple, elle importe le fer d’Afrique, fabrique 100 voitures chez elle, s’en approprie 90 et en donne 10 à l’Afrique en contrepartie de son minerai.
Cette situation crée une organisation à l’échelle internationale où une même filière de production s’étend sur plusieurs continents, les pays les plus développés occupant les segments les plus dynamiques (secondaire) et confinant les autres dans les segments les plus atones (primaire).
Maintenant, qu’arriverait-il si l’Afrique fabriquait ses propres voitures et, au lieu d’exporter le fer, l’utilisait dans son industrie ? Cette situation mettrait l’Europe dans l’obligation de rechercher ailleurs cette matière première, au fond de l’Océan ou sur la lune, à des coûts infiniment plus élevés. Elle n’y sera même pas en sécurité puisque l’Afrique, elle aussi développée, la traquerait de son implacable concurrence partout où besoin serait.
D’autre part, les entreprises européennes utilisent le marché africain comme un important débouché qui étend leur taille et les rend plus compétitives. Une industrie africaine concurrente va les ratatiner, voire démanteler de larges secteurs, entraînant un plafonnement, voire une dépression du revenu européen. On peut, à ce propos, constater que le développement accéléré de la Chine, de l’Inde et du Brésil s’accompagne d’un freinage de la croissance en Europe et aux USA dont la presse bourdonne d’interminables jérémiades et de douteuses accusations sur le doping, l’esclavage ou le maintien artificiel des parités monétaires.
Le commerce international ne peut donc fonctionner que s’il existe des pays de niveau économique différent. Les échanges des biens manufacturés n’évacuent pas ce problème de fond : si nous imaginons un monde limité aux USA et à l’UE avec leur niveau actuel de développement, il va de soi qu’une bonne partie des matières brutes utilisées par l’Europe proviendraient de l’Amérique du Nord qui en est nettement plus pourvue. Comme, d’autre part, l’industrie américaine est au moins aussi robuste que sa rivale européenne, on ne voit pas très bien par quoi l’Europe paierait ses échanges, car il n’est pas très sûr qu’elle soit suffisamment compétitive pour dégager un solde positif.
Pour s’en sortir et rééquilibrer une balance commerciale en permanence déficitaire, l’Europe n’aurait que deux possibilités :
-le transfert d’une partie de sa population, sous forme d’émigration, dans des proportions telles que les émigrants emportent avec eux la demande supplémentaire qui déséquilibrait la balance commerciale ;
-le taux de change, à supposer qu’elle ait les moyens de vendre en deçà d’un certain prix, ce qui suppose des marges importantes de compétitivité.
Mais si par malheur, les migrations sont interdites et si ses marges de compétitivité sont faibles, l’Europe devra immédiatement réguler ses frontières, au risque d’amorcer un processus de désindustrialisation et, à terme, de sous-développement.
Ce continent est vraiment chanceux, car il peut échapper à ce misérable destin grâce au commerce triangulaire : elle assujettit économiquement l’Afrique et confisque à son profit l’excédent commercial en produits bruts de l’Afrique sur les USA pour financer son propre déficit… En contrepartie d’une poignée de produits manufacturés. Vu de loin, l’Europe et l’Afrique forment alors un même système économique.
Pourtant, dirait-on, même si on accepte la nécessaire polarisation du monde, ne peut-on imaginer une situation où l’Afrique se développerait aussi tout en maintenant un certain retard par rapport aux autres pour rendre le système viable ?
Cette idée qui justifie les efforts actuels et l’optimisme des Africains et de leurs partenaires est malheureusement erronée et il est facile de démontrer, avec une science des faits et non de concepts, qu’aucun système économique international ne peut évoluer de manière harmonieuse avec les quatre conditions suscitées : les pays les plus faibles développeront progressivement des capacités productives oisives, appelée « fraction occluse» de leurs économies, impossibles à mobiliser et le phénomène va s’aggraver avec le temps.
Le cas de l’Afrique illustre parfaitement ce théorème : ses pays ont un immense besoin de biens de production (tracteurs, camions, machines-outils, turbines, etc.) pour étendre leur appareil économique ; ils disposent en outre d’une main-d’oeuvre capable de les fabriquer, car quoiqu’on dise, la plupart ont déjà formé suffisamment d’Ingénieurs pour entretenir un système industriel. Malheureusement, de telles industries sont très sensibles aux économies d’échelle et à l’environnement industriel et le continent noir ne pourrait les produire que dans des conditions de coûts peu compétitifs.
De telles industries ne sont donc pas viables dans une situation d’ouverture des marchés et l’Afrique se retrouve paralysée : ses techniciens sombrent dans un chômage irréversible et doivent vivre de petits métiers ou émigrer. C’est cette partie de son capital intellectuel impossible à utiliser de manière utile qui constitue justement la fraction occluse de l’économie africaine. En 2007, cette fraction représentait les deux tiers de ses capacités productives. Autrement dit, le revenu africain devrait être le triple de ce qu’il est aujourd’hui.
Que faire ? Existe-t-il une solution ? Malgré les impressions, les déclarations, les commissions, les séminaires, les débats, les aides, les appuis, la réponse est catégoriquement non : il n’existe rien, absolument rien qui puisse modifier cet état de chose tant que le système actuel est maintenu.
Et comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement ? Pour investir dans l’agriculture, on a besoin de tracteurs et d’engrais qu’il faut importer parce qu’ils nous sont interdits de production, car obéissant aux économies d’échelle qui favorisent les pays en avance et qui ont donné sur l’Occident un avantage comparatif pratiquement irréversible.
Pour améliorer la communication, il faut des téléphones et des centrales qu’il faut également importer. Pour réhabiliter et augmenter le réseau routier, il faut des bulldozers et des camions qu’il faut importer. Pour augmenter l’électricité, il faut des turbines qu’il faut importer… Pour bouger le plus petit pouce, il faut importer.
Et il faut payer ces importations ! Avec quoi ? Avec quel produit magique dont la production locale et la demande internationale vont croître au rythme de nos besoins, dopés par une démographie vigoureuse ?
Bref, aucune perspective en vue, malgré les illusions, et il est fort à parier qu’il en sera ainsi pendant longtemps …
Plutôt donc que de regarder cette réalité en face pour lui apporter des solutions appropriées, les marabouts qui s’agitent au chevet de l’Afrique citent en exemple l’Asie, tout en oubliant de dire que qu’aucun pays de cette partie du monde n’a substitué son artisanat aux produits de l’industrie moderne et qu’ils l’ont simplement transformé. On occulte le fait que la pendaison guette tous ceux qui s’avisent d’y importer les produits usagés, que jusqu’aux années 90, celui qui introduisait en Corée du Sud un véhicule de petit calibre pouvant concurrencer la production nationale devait s’inquiéter sur son sort et qu’aujourd’hui même, cette mesure continue pour les produits cinématographiques. La Corée du Sud apparaît comme le parfait faux exemple qu’on brandit pour nous convaincre des vertus d’une idéologie de libre-échange qu’aucun pays n’a jamais appliqué. Et que nous acceptons parce que nous sommes ignorants.
Tous ces avantages, hélas ! Nous ne les avons pas eus, nos systèmes économiques ayant été violés pour être complémentaires aux leurs. Les quelques dirigeants qui ont tenté de donner cette autonomie ont été purement et simplement assassinés.
Et maintenant, on accuse la gouvernance, le manque de démocratie, les capacités opérationnelles, et que sais-je encore. Mais on ne nous explique pas pourquoi, pendant les 25 ans qui ont suivi leurs indépendances, au moment où la scolarité était encore très faible, les pays d’Afrique Noire ont connu une importante croissance. Le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya étant brandis comme des icônes et défiaient la Chine, l’Inde, les pays d’Amérique Latine. Le PIB par habitant atteignait les cimes de la croissance et un secteur industriel commençait à se diversifier, produisant des chaussures, des habits, des postes radios, des bicyclettes, bref l’essentiel des produits manufacturés qu’on avait en ce moment là. De produits à jamais disparus de notre secteur productif…
Et pourtant, Ahmadou Ahidjo, Houphouët Boigny ou Njomo Kenyatta n’étaient pas des icônes de la démocratie ou des modèles de gouvernance. C’étaient même des durs.
Or, au moment où les cours des matières premières s’effondrent dans les années 80, la plupart des pays sous-développés connaissent une crise d’une gravité exceptionnelle. Mais alors que les autres se relèvent quatre à cinq ans plus tard et reprennent le cours de leur évolution, l’Afrique reste affalée sur le sol, comme si, dans cette chute collective, son pied s’était brisé.
Et c’est bien ce qui s’est passée : notre système économique était né malade avec des os fragiles, contrairement aux autres dont la charpente osseuse était robuste. C’est pourquoi, alors que cette chute n’avait été qu’un simple accident pour tout le monde, il a mué pour nous en une interminable agonie…
Et c’est ce qu’il faut dire, au lieu de mener le jeu malsain de nos partenaires, parmi lesquels le FMI dont le rôle a été particulièrement nuisible. On nous brandit son utilité, mais en fait d’utilité, osons poser des questions taboues : s’il n’avait pas été là, qu’aurait-on fait de nous ? Nous mettre en prison ? Nous faire la guerre ? Pas du tout ! On n’aurait même rien fait ou plus exactement, les bailleurs auraient été obligés de composer, ce qui nous aurait permis de trouver des solutions plus porteuses pour l’avenir.
Au lieu de quoi cette institution qui a remplacé ses vues plus larges d’avant la chute du communisme par le dogmatisme borné d’une secte païenne est venu imposer l’idéologie intégriste du « sans Etat » qui n’a existé nulle part dans le monde, à aucun moment de l’histoire. Y compris aux USA où, tout le monde se souvient, l’Etat a étatisé deux banques privées pour les sauver du naufrage…
La gestion d’une Economie est une affaire de pragmatisme et si tout le monde reconnaît que nos Etats, avec leurs idéologies sommaires et leurs vantardises nationalistes, en faisaient trop et choisissaient mal, le simple bon sens aurait également voulu qu’on cadre leur action dans le secteur productif au lieu de l’en chasser, au profit d’un privé qui ne peut, sous quelque forme qu’on le prenne, jouer le rôle qu’on veut lui assigner à coup de discours à la Coué.
Les statistiques des années 90 montraient que le capital au Cameroun appartenait pour 50% aux étrangers, 35% à l’Etat et 15% aux Nationaux. Avec les privatisations, les choses n’ont certainement pas évolué en faveur des locaux et que personne ne s’abuse ! Les petites boutiques et les auberges des Bamiléké, les bœufs des Foulbé ou les terrains des Ewondo peuvent donner à une communauté l’impression d’être riche et conduire ses ressortissants à se pavaner, mais c’est une blague ! Un seul avion, un seul paquebot ou une seule centrale électrique qui, eux appartiennent à l’Etat ou aux étrangers suffit à acheter tous ces bibelots.
C’est donc dans ces misérables 15% que le Cameroun doit s’appuyer pour développer son économie. Quant aux capitaux étrangers, ils agissent de manière directive dans des secteurs articulés à l’économie mondiale, très peu intéressée par un minuscule marché dont ils contribuent à affaiblir davantage les capacités endogènes.
Seules, l’intervention de l’Etat et une certaine protection des industries naissantes pourraient avoir un certain effet. Mais en le confinant dans la paperasse, les séminaires et les stériles programmes, le FMI a développé une ambiance de folklore et de folie où les détournements de fonds ont atteint un niveau effrayant ! Naguère, les détournements avaient un visage : on savait que tel a pris parce qu’il avait une mission précise et claire et qu’il ne l’avait pas exécutée. Aujourd’hui, on ne sait même plus très bien où on va, qui fait quoi et dans cette pagaille, le peu d’argent qu’on a tourne et tourne…
Au final, très peu de hauts responsables peuvent lever le doigt pour honnêteté et le FMI a beau jeu d’y trouver la raison de notre échec : la situation africaine vient de ses élites incapables et corrompues.
Tiens ! Tiens ! Mais un peuple qui ne produit que des élites incapables et corrompues peut-il être normal ? Après avoir cherché à se débarrasser de sa lancinante culpabilité sur notre situation, l’Occident a subrepticement inculqué dans nos têtes que la colonisation a plutôt été une bonne chose, que le mal est en nous-mêmes, qu’un peuple ayant généré des centaines de Présidents incapables et des milliers de Ministres, tous dans des conditions aussi diverses ne pouvait être que mauvais.
Le FMI, vecteur idéologique d’une redoutable efficacité avait rempli sa mission au-delà du plus fol espoir : corrompre, c’est-à-dire, putréfier la haute administration africaine, et après la convaincre que le mal était dans le sang. On comprend alors que le président français ait lancé son sonore cocorico sur les bienfaits de la colonisation…
L’Europe, enfin débarrassée du poids de sa lancinante culpabilité, pouvait enfin respirer un bol immense d’air frais, satisfaite d’avoir réussi
LA PLUS GROSSE IMPOSTURE DE TOUS LES TEMPS !